Les certificats de travail codés : Mythe ou réalité ?

Image : Le Certificat de Travail en Suisse, éditions LEP, https://amzn.to/3VYpTAn

Tout le monde a déjà entendu parler que, dans les « certificats de travail », il y a certains « codes », certaines tournures de phrase, qui ont une signification particulière, cachée. Jusque-là, je n’y avais pas trop fait attention, mais, en ces temps de changement de job, ça a attiré ma curiosité.

Heureuse coïncidence, un document circule ces temps par mail. Après vérification chez quelqu’un qui sait de quoi il parle, il se révèle que le contenu de ce document n’est pas trop bidon. Résumons donc par ici :

La qualité du travail Le certificat de travail complet doit se prononcer sur la qualité du travail effectué par le travailleur. L’employeur devra donc mentionner son degré de satisfaction quant au travail effectué par le travailleur. A noter que le travailleur qui n’a pas fourni des prestations d’une qualité au-dessus de la moyenne ne peut pas prétendre à un certificat mentionnant qu’il a donné « entière satisfaction ». En revanche, indiquer qu’il a œuvré « de manière correcte et largement indépendante » est jugé adéquat.

La conduite du travailleur L’attitude du travailleur est également une composante obligatoire du certificat de travail complet. L’employeur mentionnera par exemple que le travailleur a entretenu de (très) bonnes relations avec ses collègues et a eu de (très) bons contacts avec la clientèle. A titre illustratif, un travailleur qui avait souvent des disputes avec ses collègues de travail ne peut exiger qu’on le décrive comme « très apprécié » de ses collègues.

Les tournures de phrase « codées » utilisées

  • C’est un collaborateur consciencieux :Sérieux dans son travail mais ses performances n’étaient pas convaincantes.
  • Il était de bon commandement :Il ne prenait aucune initiative.
  • Il nous quitte d’un commun accord :Licenciement fortement suspecté, on est content de son départ.
  • Il s’est montré également aimable et serviable vis-à-vis de ses collègues dans l’équipe. : C’est suffisant.
  • Endurant et résistant au stress, il a rempli les exigences élevées liées à son poste de travail. : Ça, c’est bon.
  • Grâce à son sens du devoir, il a su satisfaire aux exigences. : C’est juste suffisant.
  • C’est avec regret que nous nous séparons de… : le patron ne regrette pas vraiment le départ.
  • C’est avec grand regret que nous nous séparons de… : le regret est moyen, la lacune sera rapidement compensée.
  • C’est avec le plus grand regret que nous nous séparons de … : l’employé est difficilement remplaçable, son départ est véritablement regretté.
  • Monsieur X a toujours eu une oreille attentive avec ses collègues : Monsieur X avait tendance à trop bavarder avec ses collègues.
  • Madame Y a toujours rempli ses tâches à notre satisfaction : la prestation de Madame Y n’était pas exceptionnelle.
  • Madame Y a toujours rempli ses tâches à notre entière satisfaction : Madame Y peut mieux faire.
  • Madame Y a toujours rempli ses tâches à notre entière et pleine satisfaction : Madame Y a toujours fait de son mieux, sa prestation était exceptionnelle.
  • Son travail nous a donné satisfaction : Prestations passables, moyennes.
  • Son travail nous a donné (pleine et) entière satisfaction : (très) bonnes prestations, nous étions très contents.
  • Il nous quitte d’un commun accord : Nous l’avons licencié.
  • Il nous quitte, libre de tout engagement : Nous l’avons licencié.
  • Il nous quitte de son plein gré : Il nous a donné son congé.
  • Il nous quitte sur sa demande : Il nous a donné son congé.
  • Nous regrettons son départ : Nous le regrettons.
  • Nous le recommandons à tout employeur : Nous le regrettons.
  • Il s’efforçait de… :Il n’y parvenait pas.

Le problème… :

Le risque de cette pratique, c’est qu’un certificat écrit de manière « non codée » soit interprété comme « codé » par celui qui le lit. C’est alors une source de confusion et d’ambiguïté. Pour éviter ça, de plus en plus d’entreprises ajoutent, à la fin d’un certificat non codé, une phrase du genre « Ce certificat n’est pas codé ».

Pour les curieux, en particulier pour les suisses, je ne saurais que recommander la lecture de

c’est une référence en Suisse.

14 Commentaires

  1. D’aussi loin que je m’en souvienne, le certificat a toujours été codé. Enfin, depuis que je bosse, vers 1994, ça a toujours été le cas. Voilà pourquoi il faut toujours controler son certif…

  2. @Angie: De toute manière, que tu le contrôles ou pas n’y change pas grand chose, tant que le certificat n’est pas "ouvertement hostile". Quoique… Peux-tu dans tous les cas réclamer un certificat minimaliste du style "Machin a travaillé pour nous de… à… et nous quitte libre de tout engagement", si les formules ne te plaisent pas? Me semble avoir entendu que tu pouvais. À confirmer.

  3. Normalement, la discussion sur tel ou tel point du certificat est toujours possible. La plupart des employeurs proposent à l’employé de lire une première fois l’ébauche avant d’en faire une définitive, et d’ailleurs, ce n’est pas inutile ! En effet, j’ai déjà eu dans les mains un certificat censé me concerner et qui convenait tout à fait, mais où à deux reprises mon nom avait été estropié par celui d’un prédecesseur qui avait dû avoir droit aux mêmes remarques ! Pas très flatteur, tout ça.

  4. Tu peux demander d’enlever des choses si elles ne te plaisent pas ou de le modifier. Bon, il faut aussi voir tes relations à ton employeur que tu décides de quitter ou lorsque tu te fais licencier et les raisons du licenciement. Il arrive que cela ne se passe pas très bien.

  5. Pareil que Moi : Dans mes souvenirs (qui datent…), l'(ex) employé a toujours le droit de demander une rectification, ou même de « refuser » un certificat de travail.

    L’employeur peu alors fournir un certificat « minimal », sans aucune évaluation, qui mentionne seulement la durée de l’engagement, ou quelque-chose comme ça.

    J’ai cherché dans les textes de loi, j’ai rien retrouvé..

    Par contre, mon employeur me fera parvenir mon certif après que j’aie quitté la boîte. C’est donc plus difficile pour demander rectification après….

  6. de toute façon codé ou pas ça n’a pas grande valeur le pire c’est quand à la fin c’est écrit "certificat rédigé sans sous-entendu" ça veut dire lisez bien entre les lignes mais si tu as un super certificat et que tu es une bille pour moi ça reste du blabla tout ça ! La plupart des certificat de travail je les ai rédiger moi-même et mes ex-employeurs les ont signé, tout est un échange de bon procédé – Si tu es licencié on est bien content si tu retrouves un job et que tu te la coinces et si tu donnes ton congé c’est jamais anodins donc tout le monde est content aussi alors si c’est inscrit que tu as travaillé du temps au temps que tu n’as rien volé ni mis le feu c’est gagné !

  7. bonjour,
    est ce legal qu’une enteprise code un certificat de travail sachant que ca limite forcement les chances de lemployé a retrouver un travail???

  8. Bonjour « me », selon le CO, l’employé a le droit de demander un certificat de travail comprenant seulement la durée et le type d’activités effectuées. Ca peut limiter la casse…

  9. Codé ou pas, l’éternelle question…Pour ma part, je crois qu’il existe quelques « codes », mais que leur importance est largement surévaluée. Il faut aussi bien regarder ce que le certificat dit que ce qu’il ne dit pas. Il faut aussi garder en mémoire que l’usage de termes péjoratifs est totalement prohibé. Ainsi « il a été coopératif avec sa hiérarchie » n’est pas forcément très élogieux…Bref, c’est un art!

  10. J’ai été licencié et sur mon certificat en autre être mentionné … Nous a quitté, libre de tout engagement à notre égard, ….. … Était une collaboratrice au comportement solidaire …… Que je respectais simplement les horaires … Est- ce que le mot solidaire est codė?

  11. De toute façon les patrons ont le couteau par le manche , l’esclavage moderne ça existe encore sous une forme cachée mais bien réel . L’ouvrier n’a cas se taire et c’est tout la loi c’est pas pour tout le monde la même chose .

  12. Il suffit juste de faire un faux certificat et plus de problème, si vous êtes bon acteur et avez la tchatche pas de soucis, j’ai embrouillé plusieurs RH et ils n’ont vu que du feu, c’est pas difficile faut avoir confiance en soi. Plus c’est gros et plus ça passe. Combien d’histoire de médecin qui ont pu exercé sans aucun diplôme.

  13. J’ai vu le pire et le meilleur. Il y a même des RH imcompétents pour rédiger un certificat qui va aider le salarié. Il y a aussi des RH carrément malveillants. En cas de doute, on peut se renseigner au service du chômage, ou à un employeur intérimaire. Le cas échéant allez au syndicat, c’est moins cher qu’un avocat.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*